Il a fallu plusieurs années à Adèle Meray pour trouver sa route. C’est en s’impliquant dans ses travaux qu’elle découvre des nouveaux horizons : l’Asie s’ouvre à elle à travers l’étude des phénomènes géopolitiques autour des “Nouvelles routes de la Soie”. 

Cet article appartient à la collection "Portraits croisés" : 
des parcours de jeunes chercheur·se·s vus par d'autres jeunes chercheur·se·s.

Avec un Baccalauréat scientifique, Adèle s’engage dans des études de médecine à l’université de Caen Normandie. La rigidité du système de sélection dans la filière PACES ne lui permet pas de valider le concours permettant l’accès aux études de médecine. Elle décide de s’orienter vers le droit. “C’est la filière non scientifique qui se rapproche le plus du scientifique par sa spécificité de raisonnement”. 

Elle obtient sa Licence en droit public et poursuit en Master de Droit international et droit européen (DIDE) dans la même université. “Grâce au Collège d’Excellence juridique (CEFD), j’ai eu des indications sur ce que je voulais faire”.

“Droit international”, “Droit européen” : voilà une invitation au voyage qui correspond aux aspirations d’Adèle : “J’ai toujours désiré avoir une expérience à l’étranger. J'avais prévu de réaliser mon année de Master 1 en Norvège, à l’Université de Bergen grâce au programme Erasmus”.  Malheureusement, le contexte de la pandémie de COVID-19 en 2020 ne lui a permis de passer seulement quelques mois en Norvège. “J’étais déçue, nous sommes partis mais entre les mesures de quarantaine et le passage aux cours en ligne, je n’ai pas trouvé utile de faire un Erasmus dans ma chambre”. Cela étant, elle ne baisse pas les bras et poursuit son cursus en France et sa deuxième année de master est révélatrice pour la suite de sa carrière. 

Dans une logique d’apprentissage inversé sur l’Asie, Adèle découvre ce continent à travers un travail de groupe et par l’intervention de son futur Directeur de Thèse. Les problématiques liées à cette zone géographique l’ont stimulées et l'orientent sur les dynamiques complexes de l’Eurasie. “L’opportunité d’écrire un article pour la newsletter de notre promotion m’a permis de comprendre comment les mesures sanitaires, bien que justifiées par la pandémie du COVID-19, ont été utilisées pour restreindre les libertés civiles et politiques dans la région”. Cet exercice additionné à sa rencontre avec son enseignant lui permet de s’engager pleinement dans un projet de thèse au sein du Laboratoire d’études en droits fondamentaux, des échanges internationaux et de la mer (LexFEIM) à l’université du Havre Normandie.

VOYAGER GRÂCE À SES RECHERCHES

Voyager se révèle comme un projet de vie, professionnel mais aussi personnel. Sans protocole expérimental avec des êtres humains, Adèle voyage à travers les livres et les articles afin d’avoir une vision historique de la région pour comprendre les enjeux. “Ensuite, je vois comment les institutions et les mécanismes se sont formés”. Son voyage dans les livres et les articles, Adèle extrait les informations et les données afin de les croiser pour mettre en avant les dynamiques complexes existantes dans cette région.

Un voyage très organisé pour concilier les informations relatives aux droits humains, à la politique, à l’économie et à la géographie. “J’ai établi un cadre historique bien délimité, ensuite j’ai créé des fiches sur les institutions par exemple l’organisation de coopération de Shanghai, ensuite je traite chaque pays séparément en regardant les adhésions, les climats politiques etc.”. Ces voyages intellectuels se complètent avec des voyages en France. Adèle a participé à une table ronde organisée à l'ambassade d'Ouzbékistan à Paris. “Cette expérience m'a permis de mieux appréhender les dynamiques diplomatiques et culturelles de l’Asie centrale”. Elle m’explique que les ambassades sont considérées comme une extension du territoire du pays qu'elles représentent. “Cela m’a symboliquement permis de « mettre un pied » sur le sol ouzbek depuis Paris”. 

UN VOYAGE À TRAVERS LES NOUVELLES ROUTES DE LA SOIE

“Ce sont des réseaux d’infrastructures – aussi bien des ports, des routes ou voies ferrées – qui sont financées par la Chine, lui permettant d’exporter mais aussi d’avoir des ressources à travers différents contrats”. La Russie intègre ce réseau et fait partie intégrante du sujet de recherche d’Adèle. “Je ne suis pas sur le terrain, mais j’ai participé à un colloque où un professeur Russe était présent”. La Russie représente un point important de sa thèse. “Je travaille sur les relations entre la Russie et les anciens États de l'URSS. Ce qui m'intéresse, c'est de comprendre si la Russie cherche à recréer une forme d'influence, presque impériale, en s'appuyant sur les idées de l'Eurasisme. C'est un cadre théorique fascinant, qui mélange histoire du droit et philosophie politique. En gros, j’analyse comment la Russie essaie de se placer au cœur du continent eurasiatique pour redevenir un acteur incontournable à l'échelle globale”. C’est donc sur le sujet de “La construction de la Nouvelle Asie dans le cadre de la coopération de Shanghai” qu’Adèle poursuit son chemin. 

VOYAGER POUR M’ÉPANOUIR

La finalité du voyage de thèse n’est pas encore définie. “Au tout début de mes études, je pensais vouloir devenir notaire mais j’avais peur de la routine et de me lasser. J’ai finalement préféré le droit public et plus généralement le droit international”.  Une chose est sûre c’est qu’Adèle va quitter la France pour découvrir les pays qu’elle étudie. Le Kazakhstan est un pays qui l’intrigue mais elle ne ferme pas la porte à l’Europe du Nord ou de l’Est. N’étant pas en recherche d’emploi, elle attend de voir les opportunités qui peuvent s’étendre dans le domaine géopolitique, journalistique ou encore associatif. Adèle n'exclut pas l’enseignement non plus, même si elle a encore peu d’expérience dans ce domaine, elle pense que c’est quelque chose qui peut lui plaire. “La transmission du savoir me plait beaucoup, je pense que cela me plairait d’accompagner les étudiants”.

Crédit photo : Adèle Meray (DR).

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