"Trouver quelque chose que personne ne connaît, c'est incroyable !”
Publié par Meriem Rami, le 11 mars 2025 83
À 27 ans, Caroline Seiffert est de ces jeunes chercheuses en qui l’on place des espoirs. Doctorante en troisième année au sein du laboratoire “Cancer and Brain Genomics” à Rouen, elle consacre sa thèse à une mission ambitieuse : comprendre les mécanismes d'invasion des gliomes de haut grade, une forme de cancer du cerveau particulièrement agressive, dans l’espoir de développer de nouveaux traitements.
Cet article appartient à la collection "Portraits croisés" :
des parcours de jeunes chercheur·se·s vus par d'autres jeunes chercheur·se·s.
UN PARCOURS EUROPÉEN
ET UNE VOCATION EN CONSTRUCTION
Née à Neuchâtel, en Suisse, Caroline a grandi entre quatre pays : la Suisse, l’Allemagne, l’Autriche et la France. Franco-allemande, elle avoue avec simplicité : “Je ne sais pas quand j’ai découvert mon intérêt pour les sciences et la biologie. Peut-être à l’école.” Pourtant, son parcours laisse peu de doute sur sa passion.
Après avoir obtenu son bac à Baden-Baden, en Allemagne, elle poursuit une licence de biologie à Constance avant de se spécialiser en biologie cellulaire et moléculaire lors d’un master à Graz, en Autriche. C’est au cours d’ un stage clé de master qu’elle ressent ce qu’elle décrit comme un “choc électrique” : “J’attendais devant l’appareil l’apparition de mes résultats. Ils correspondaient à mon hypothèse. À cet instant, je savais que j’avais découvert quelque chose et que j’étais la seule personne à le savoir.” Une révélation qui marque son entrée dans le monde de la recherche.
DÉCRYPTER UN CANCER COMPLEXE
Aujourd’hui, Caroline étudie le rôle de la protéine ATG9A dans la propagation des tumeurs cérébrales agressives, appelées gliomes de haut grade. Parmi elles, le glioblastome multiforme (GBM) est particulièrement redoutable en raison de sa rapidité de progression et de la difficulté des traitements actuels à l'éliminer.
“Les glioblastomes sont capables d’envahir activement le tissu cérébral, formant de nouvelles tumeurs à distance de la tumeur initiale. Cela explique en grande partie pourquoi la récidive est quasi-systématique et que les chances de survie des patients et patientes restent limitées à environ 15 mois en moyenne”, explique Caroline.
En étudiant comment la protéine ATG9A favorise cette propagation, son objectif est d’identifier de nouvelles pistes pour freiner la propagation des tumeurs et, idéalement, réduire le risque de récidive. “Ce qui me plaît le plus, c’est de découvrir de nouvelles choses. Même si c’est rare, les moments où tu sais que tu as trouvé quelque chose que personne d’autre ne sait, sont incroyables.”
UN ENGAGEMENT SCIENTIFIQUE ENCORE À EXPLORER
Caroline a déjà participé à plusieurs congrès scientifiques, mais elle aspire également à partager ses recherches avec un public plus large. Son enthousiasme et la portée de son sujet pourraient toucher de nombreuses personnes. Vulgariser les avancées sur des cancers aussi dévastateurs que les glioblastomes est, selon elle, un enjeu majeur pour sensibiliser le grand public et encourager de nouveaux soutiens à la recherche.
L’AVENIR : ENTRE RECHERCHE ET INCERTITUDES
Quand on l’interroge sur son futur, Caroline reste ouverte : “J’aimerais bien continuer en recherche, mais je ne sais pas encore si ce sera dans le public ou le privé, ni dans quel pays je resterai.” Cette hésitation témoigne d’un équilibre à trouver entre sa passion pour l’exploration scientifique et les incertitudes d’une carrière dans la recherche.
Caroline Seiffert incarne une génération de chercheuses pour qui la quête de savoir dépasse les frontières, qu’elles soient géographiques ou intellectuelles. Portée par son talent, son ambition et sa curiosité, elle ne se contente pas d’étudier un cancer complexe : elle contribue à tracer une voie pour mieux le comprendre et, peut-être, un jour, le vaincre. Si son avenir reste à écrire, son impact, lui, est déjà indéniable. Si ses ambitions sont encore en construction, une chose est sûre : son travail contribue déjà à éclairer le chemin vers de nouvelles stratégies contre les glioblastomes, offrant un espoir, même modeste, aux patients et à leurs familles.
Crédits : Caroline Seiffert (DR)
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