Des scénarios pour la sobriété énergétique
Publié par Le Dôme, le 5 avril 2023 670
Comment être collectivement plus sobre en énergie ? C’est la question qui a rassemblé les participant·e·s de la deuxième séance de l’atelier “sobriété : on débranche tout ?” ce 25 février 2023 au Dôme. En proposant leurs idées, en imaginant des gestes et mesures, elles et ils ont ainsi contribué à l’Exploratoire de la sobriété énergétique, programme de science participative.
Le contexte de crises énergétique et climatique actuel et la façon dont les consommateurs et consommatrices d’énergie voudraient s’y adapter sont au coeur de l’Exploratoire de la sobriété énergétique porté par l’Institut I-Tésé, le Centre de recherche “Risques et vulnérabilités” (CERREV), le Centre de sociologie de l’innovation (CSI) de l’école Mines Paris-PSL, l'Institut régional du travail social (IRTS Normandie Caen) et Le Dôme, avec le soutien de l’Agence nationale de la transition écologique (ADEME).
DES EXEMPLES CONCRETS D’USAGE DE L'ÉNERGIE
Après un premier temps d’appropriation des enjeux de la sobriété énergétique, les participant·e·s ont été amené·e·s à échanger sur les notions d’efficacité et de sobriété énergétiques en se questionnant sur les usages de prototypes du Dôme : le Vélo-Génératrice, le FarmBot et Léon, le robot nettoyeur.
Si l’efficacité énergétique a pour ambition de nous permettre de réduire notre consommation grâce au progrès technique, à l’image de l’isolation thermique des bâtiments. La sobriété, de son côté, impose une modification des modes de vie, des usages de l’énergie (bâtiments moins chauffés par exemple). Une synthèse graphique résume l’ensemble des informations proposées aux participants Les participant·e·s ont ensuite été invité·e·s à proposer puis à formaliser des idées, des mesures, qui nous permettraient d’être collectivement plus sobre en énergie.
CE SERAIT GÉNIAL SI…
Pendant un premier temps exploratoire, toutes les idées ont été notées en s’imaginant répondre à la question “pour être collectivement plus sobre en énergie, ce serait génial si…”. Les participant·e·s ont imaginé éteindre les vitrines et publicités lumineuses, voire toutes les formes de publicité. Le thème des transports en commun a également été abordé à travers le développement des transports en commun à prix réduit ou gratuit, la création de pédibus (bus à pied), la réduction des distances domicile-travail, le covoiturage et l’auto-stop. D’autres propositions ont également proposé des quotas pour l'utilisation de l’avion, souhaité indiquer un “score carbone” sur nos objets, débrancher tous nos appareils…
Les participant·e·s ont également été invité·e·s à inscrire leur projet dans l'une des trois représentations dominantes du futur identifiées par Luc Semal, dans son ouvrage “Face à l'effondrement - Militer à l’ombre des catastrophes” : une technologie qui permettrait de surmonter les problématiques écologiques en donnant les moyens à l'espèce humaine d'échapper à sa condition terrestre, des technologies vertes qui permettraient de soutenir la croissance économique et de maintenir la trajectoire de la société ou un effondrement généré par la surexploitation des ressources naturelles entraînant la disparition de la civilisation.
Les militant·e·s des "Villes en transition" considèrent qu'une quatrième représentation n'est pas suffisamment présente : celle de la sobriété heureuse. Selon cette dernière, un changement volontaire et consenti des modes de vie et de consommation serait survenu en choisissant un modèle fondé sur ce qui est essentiel pour nous rendre heureux.
4 SCÉNARIOS POUR LA SOBRIÉTÉ ÉNERGÉTIQUE
Si certaines idées relevaient davantage de l'efficacité énergétique, la plupart traitait effectivement de sobriété. Parmi elles, quatre ont été sélectionnées par les chercheurs et les participants dans l'objectif de les développer :
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Plus de trains et de bateaux
Les participant·e·s ont ainsi indiqué que le développement des transports en commun impliquerait de remettre en marche les liaisons ferroviaires, fluviales et maritimes en augmentant la fréquence de passage et la qualité des services. L’arrêt du développement d’autoroutes au profit de nouvelles voies ferrées est une piste également proposée. Par ailleurs, la gratuité ou des tarifs bas inciterait les citoyen·ne·s à prendre plus souvent ces transports en commun.
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(Télé ?)travailler dans son quartier
Pour restreindre les déplacements entre domicile et lieu de travail, les participant·e·s ont proposé de développer le télétravail au sein d’espaces de coworking créés dans les grosses entreprises et centres de travail. Pour en montrer les avantages aux entreprises, une cellule de soutien au télétravail serait créée. D’autres solutions sont possibles : densifier les villes pour permettre à tous d’habiter proches des lieux de travail, généralement urbains, mieux connecter les lieux de travail aux transports en commun, et pourquoi pas proposer des logements de fonction, développer les commerces de proximité, crèches, jardin et lieux de vies associatifs à proximité des lieux de travail, ...
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Le retour de la consigne
Afin de limiter nos déchets, les participant·e·s ont précisé qu’il fallait se pencher sur quatre voies possibles : réduire, réutiliser, réparer, recycler. Ainsi, réutiliser des emballages consignés limite l’achat et la production de nouveaux objets. Pour inciter ce mode d’achat, les vendeur·se·s peuvent proposer que leurs client·e·s récupèrent une somme d’argent définie (généralement moins d’un euro) lorsqu’ils rapportent leur emballage, ou payent moins cher s’ils apportent leur contenant. D’autres solutions ont été proposées : payer ses taxes ordures ménagères en fonction du poids, limiter l’obsolescence programmée, réduire la quantité d’emballage.
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Mettre en commun les appareils utilisés peu souvent
“La sobriété passe par la réduction globale du nombre d’objets : machines à laver, bricolage, véhicules” indique une participante. Mutualiser des appareils qui nous servent peu y contribue. Il faut alors distinguer les logements collectifs (immeubles), des logements individuels (maisons). Dans les premiers, il est possible de dédier une pièce à l’utilisation des objets mis en commun, dans une buanderie par exemple, financée par les charges de copropriété. Dans les deuxièmes, le prêt est possible pour les objets “déplaçables” comme les outils de bricolage. Mais alors, comment savoir si les objets sont disponibles ? Un système d’information numérique comme un calendrier partagé ou papier pourrait être installé.
Pour en savoir plus, téléchargez le support de restitution de cet atelier.
Vous aussi, vous souhaitez imaginer comment changer notre manière de consommer de l’énergie ? Alors, rendez-vous le mardi 11 avril à l’occasion de la 7ème édition du TURFU Festival pour basculer en mode “survivalisme énergétique” lors des prochains ateliers “Il va faire tout noir ?”.
Cet atelier est organisé dans le cadre du programme de recherche participative en sociologie "Prométhée" coordonné par le Centre de recherche "Risques et vulnérabilités" (CERREV), l'Institut I-Tésé du CEA et le Centre de sociologie de l'innovation (CSI). Son volet participatif est développé en association avec Le Dôme. Il s'inscrit dans le cadre du label “Science avec et pour la société” décerné à l’université de Caen Normandie et au Dôme par le ministère de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l'Innovation. Ce programme bénéficie du soutien de l'Agence nationale de la transition écologique (ADEME).
Informations, rendez-vous, restitutions et ressources, ... Suivez toute l'actualité du parcours "Exploratoire de la sobriété énergétique" dans notre dossier spécial.