Anaëlle Bazire : Au-delà des idées reçues

Publié par Fête de la Science en Normandie, le 7 septembre 2016   2.5k

À l'occasion de l'édition 2016 de l'Atelier du chercheur, nous vous proposons de découvrir les portraits de plusieurs jeunes chercheurs et chercheuses normands qui se déplaceront dans les collèges et lycées de l'académie de Caen à l'occasion pour présenter leur métier, échanger sur leur parcours et partager leur passion pour la recherche. Aujourd'hui, nous faisons connaissance avec Anaëlle Bazire, doctorante au CERReV.

"Je rêve d’être psychologue depuis que je suis collégienne !" raconte Anaëlle Bazire. Elle entame une psychothérapie qui confirme sa vocation et s’inscrit naturellement en faculté de psychologie à l’Université de Caen Normandie. D’un stage découverte à l’autre, elle comprend que ce qui la touche le plus, ce sont les addictions et la toxicomanie. "Le regard porté sur les toxicomanes est très difficile", explique Anaëlle qui désire travailler sur leur rapport à la dépendance et se sait déjà attirée par une approche pluridisciplinaire des soins.

En troisième année de Licence, Anaëlle constate que le lien entre grossesse, maternité et toxicomanie n’a pas été traité et se lance dans son premier mémoire. Elle poursuit ensuite en Master 1 de psychologie clinique et pathologique professionnelle, ce qui l’amène à ses recherches actuelles en tant que doctorante. L’intitulé de sa thèse, qui s’articule autour des modifications psychiques des femmes enceintes et jeunes mères toxicomanes en les comparant avec des non-toxicomanes : "La qualité du processus de maternalité chez la femme toxicomane ou substituée".

Forte de ses principes, Anaëlle fonce sur le terrain, travaillant comme psychologue au CSAPA "Presqu’île" de Cherbourg-en-Cotentin (centre de soin, d’accompagnement et de prévention en addictologie), ainsi qu’à la maternité du CHU de Caen. Elle poursuit ses recherches en parallèle au sein du Centre d'étude et de recherche sur les risques et les vulnérabilités (CERReV). "Je rencontre des toxicomanes sous traitement de substitution ou pas, des femmes enceintes, des femmes enceintes toxicomanes, etc. Mon premier constat est que les femmes enceintes toxicomanes ont les mêmes préoccupations que les autres femmes enceintes. Ce ne sont pas de plus mauvaises mères ! Ce dont elles souffrent le plus, c’est de la peur du regard stigmatisant des soignants…"

Les recherches d’Anaëlle sont financées à 100 % par une bourse régionale. Elles permettront d’établir une cartographie de la situation dans l’Ouest normand. Anaëlle espère mettre en place un réseau de prise en charge réelle sur le territoire, institutionnalisant un lien entre professionnels de la toxicomanie et professionnels de la maternité. Son premier combat : "faire sauter les idées reçues" ! Dans quelques années, elle se voit bien psychologue spécialisée en addiction et périnatalité, mais toujours en associant recherche et pratique clinique…


Propos recueillis par Marianne Riou.