Après plusieurs mois de réhabilitation, de jeunes phoques ont été relâchés par l'Association CHENE
Publié par Association CHENE, le 26 octobre 2021 1.1k
En été 2021, l'Association CHENE a été mobilisée pour prendre en charge 13 jeunes phoques veaux-marins en détresse. 8 de ces individus ont pu être réhabilités et relâchés sur le littoral. Pour la majorité de ces sauvetages, les jeunes ont été secourus après avoir été séparés de leur mère sur une plage. Le dérangement humain est mis en cause, et le CHENE déploie un large programme de sensibilisation du grand public pour lutter contre ces incidents malheureusement récurrents.
Dès la fin du mois de juin, le CHENE a accueilli un premier jeune phoque veau-marin en détresse : baptisée Fuji, cette femelle avait été découverte en Baie de Somme et ne pesait que 8,6kg à son arrivée dans nos locaux. 12 autres phoques ont été pris en charge par la suite, entre les mois de juillet et septembre.
Habilitée à accueillir cette espèce emblématique et imposante, l'équipe de soigneurs du CHENE assure chaque été des opérations de sauvetages similaires. L'espèce Phoque veau-marin, présente sur le littoral normand, est régulièrement victime de dérangements humains, surtout en période estivale. Des touristes curieux s'approchent d'un peu trop près des phoques pour les photographier, effrayant la mère et provoquant une séparation avec le petit. Incapable de se débrouiller seul, le jeune est alors en situation de détresse et une prise en charge par des professionnels est indispensable pour lui donner une chance de survie.
Des interventions pour rééquilibrer l'impact humain
Loin d'être naturelles, les séparations provoquées par les dérangements humains surviennent en dépit des recommandations des associations et des institutions de protection de l'environnement (parcs naturels notamment), demandant aux promeneurs de respecter une distance de sécurité avec les phoques : même si ces animaux sont attachants, les adultes restent dangereux et les petits très vulnérables. En été, les femelles adultes mettent bas, et leurs petits, appelés les "blanchons", restent en général entre 4 et 6 semaines à leurs côtés. Le sevrage se fait ensuite, les femelles repartant pour la reproduction et laissant leurs petits en totale autonomie.
Au cours des semaines d'allaitement, le jeune phoque est susceptible d'être séparé de sa mère si un danger les menace sur la terre ferme. Trop jeune pour la suivre si sa mère s'enfuit, le petit reste seul sur la plage, livré à lui-même. L'intervention d'un centre de soins habilité est nécessaire. En collaboration avec le Réseau National d'Echouage (RNE), l'Association CHENE récupère ces phoques et les accueille dans ses locaux, à Allouville-Bellefosse (76).
Protocoles de réhabilitation : de la quarantaine au bassin extérieur
Dès leur arrivée, les jeunes sont examinés par les soigneurs et isolés dans des boxes dans une salle de quarantaine spécialisés. Les protocoles de d'hygiène sont strictes pour éviter la transmission de pathogènes, imposant aux bénévoles et soigneurs de passer dans un sas pour changer de tenue. Combinaison blanche, botte, gants et charlottes sont obligatoires en salle de quarantaine. Seuls deux bénévoles formés aux gestes techniques sont autorisés à s'occuper des jeunes phoques tout au long de leur convalescence : ces contacts limités avec un nombre de personnes restreint permet notamment de réduire les risques d'imprégnation (familiarisation à l'être humain) des phoques.
Les traitements sont adaptés en fonction des besoins de chaque individu : poids, pathologies, déshydratation... Un régime spécifique est également prescrit à ces jeunes souvent très affaiblis. Une fois que l'état général d'un spécimen s'est amélioré, un placement en bassin extérieur peut être fait. A partir de ce moment, le jeune sera observé très régulièrement par les deux bénévoles désignés pour s'occuper des phoques, pesé une fois par semaine, et reçoit une boucle d'identification. L'évolution de la courbe de poids est un indicateur important de la santé d'un jeune phoque, en pleine croissance. Au cours de l'élevage, les bénévoles leur apprendront à se nourrir seuls : un protocole d'apprentissage long et rigoureux, consistant à apprendre aux jeunes à manger du poisson en entier, à ouvrir la gueule sous l'eau pour l'attraper, et enfin, à aller le chercher seul dans l'eau.
Par phoque, les frais de prise en charge (comprenant les soins, le nourrissage et la mobilisation humaine) coûtent environ 2500€. Par an, le CHENE a également besoin d'une quantité importante de hareng pour nourrir ces pensionnaires : près de 8 tonnes sont nécessaires.
Le parrainage du grand public pour aider à la réhabilitation
Chaque année, le CHENE organise une vaste opération de parrainage des phoques veaux-marins pris en charge. Ce parrainage consiste en un don unique et spécifique, permettant aux parrains et marraines du grand public de soutenir la mission de sauvetage de ces jeunes phoques : c'est une participation financière non négligeable, qui contribue à financer les médicaments, l'achat de hareng frais, ainsi que l'entretien des structures et des bassins.
Au-delà de l'aspect financier, le parrainage a des intérêts pédagogiques. Les parrains et marraines reçoivent de la documentation dédiée à la sensibilisation sur l'espèce des phoques et les dangers représentés par les dérangements humains sur le littoral. Une ouverture sur les coulisses des actions de sauvegarde du CHENE attire ainsi l'attention du grand public sur la réalité rencontrée par les soigneurs animalier et les associations sur le terrain. A l'issue du processus de réhabilitation, parrains et marraines sont invités à assister à la remise en liberté de quelques jeunes, afin de prendre la mesure concrète de l'action qu'ils ont soutenu.
En plus du parrainage, pour sensibiliser les familles et les particuliers sur l'importance de respecter l'espèce dans la nature, l'équipe de médiation de l'association se mobilise pour faire connaître le phoque veau-marin. Le pôle animation propose des sorties thématiques aux groupes scolaires, le pôle communication diffuse des informations sur différents canaux et réseaux sociaux, et les visites de l'Espace de découverte présentent le travail de l'association pour sauvegarder ces espèces protégées.
La saison des veaux-marins se termine
Au mois d'octobre, l'équipe du CHENE a pu relâcher 8 des 13 phoques accueillis au cours de l'été. Ces phoques, tous nommés à partir de noms de volcans, ont été remis en liberté à Yport, Veulettes-sur-Mer et Saint-Jean-le-Thomas (en Baie du Mont Saint-Michel). 5 individus soignés au cours de la saison n'ont malheureusement pas survécu : Fuji, Piton et Thor sont malheureusement décédés au cours de leur convalescence, de causes encore inconnues (des analyses sont encore en cours à la suite de nécropsies). Morning, accueillie le 8 septembre, est décédée le 11 septembre à la suite d'importantes blessures. Enfin, Florès, relâchée le 9 octobre à Yport, a été retrouvée morte deux jours après sa remise en liberté, et présentait un important traumatisme crânien.
A ce jour, seul Douglas, un jeune mâle trouvé affaibli sur une plage, est encore en soins au centre du CHENE.
Le moment des relâchers est toujours un temps fort pour notre équipe : ce sont plusieurs mois de travail acharné de l'équipe qui se concrétisent par une seconde chance pour ces jeunes phoques réhabilités. Une action de sauvegarde à échelle humaine, que nous souhaitons inspirante et force de mobilisation pour la protection de la biodiversité.
Nous vous donnons rendez-vous cet hiver, moment de naissance des phoques gris, pour suivre de nouvelles missions de sauvetage, et, nous l'espérons, alerter davantage sur l'importance de la préservation de ces espèces et de leur respect dans la nature.
Article rédigé par Marine Steinmann, chargée de communication
Photo principale - Charline Boucachard
Plus d'infos sur notre site : www.associationchene.com