BTONLin : CMEG et l'ESITC Caen développent le premier béton à base de lin
Publié par Fête de la Science en Normandie, le 19 juillet 2017 5.4k
Comment créer un béton moins impactant pour l'environnement en y incorporant des fibres de lin ? C'est l'objet du programme "BTONLin" mené l'entreprise de bâtiment CMEG en partenariat avec l'Ecole supérieur d'ingénieurs des travaux de la construction (ESITC Caen).
Après les éco-pavés à base de coquillages, l'Ecole supérieure d'ingénieurs des travaux de la construction (ESITC Caen) poursuit ses recherches sur la valorisation des matériaux locaux et de la construction durable avec le lin. "Nous nous sommes intéressés au lin, une culture historique en Normandie" explique Mohamed Boutouil, Directeur de recherche à l'ESITC Caen, à ByBéton.
C'est sur cette simple idée qu'est né en décembre 2014 le projet collaboratif "BTONLin" qui réunit autour de l'ESITC Caen l'entreprise générale du bâtiment, CMEG, et le groupe Depestele, spécialiste des matériaux en lin.
UN DÉFI ÉCONOMIQUE ET ENVIRONNEMENTAL
Première région productrice de lin textile au monde avec 300 000 tonnes par an, la Normandie compte plus de 2 000 producteurs et de nombreuses entreprises de teillage et de transformation. Avec une période d'euphorie, les liniculteurs subissent depuis 10 ans une forte concurrence de la Chine, faisant ressentir la nécessité d'innover et de trouver de nouveaux débouchés pour leur production.
Reconnues pour leur qualité de résistance, les fibres de lin restent peu exploitées dans le bâtiment. La valorisation du lin dans la fabrication de béton pourrait pourtant être une réponse à cette problématique mais également aux nouveaux défis environnementaux auxquelles sont confrontés les professionnels de la construction. "Les bétons actuels à base de fibres végétales, notamment à base de chanvre, sont utilisés pour répondre à des attentes environnementales mais restent trop fragiles pour permettre une application structurelle" explique-t-on à l'école d'ingénieurs. "La mise au point de ce premier béton de structure biosourcé va permettre non seulement de valoriser une matière première végétale mais aussi de développer de nouveaux éco-matériaux pour une construction durable."
UN BÉTON MANIABLE ET RÉSISTANT
Depuis 3 ans, les équipes de l'ESITC Caen travaillent donc à la définition de la formule parfaite pour obtenir un béton offrant une maniabilité et une résistance acceptables. À force de variations de dosages, de longueur de fibres et de traitement préalables, les chercheurs sont parvenus à réaliser un prototype de béton auto-plaçant fibré en lin, répondant au cahier des charges de CMEG. Celui-ci reste encore à homologuer.
Les recherches de l'école d'ingénieurs normande se concentrent désormais sur l’optimisation du traitement du lin et du liant de la matrice pour améliorer les propriétés du matériau. "L’objectif est de réaliser, d’ici à 2020, des panneaux sandwichs P2P biosourcés en lin, répondant aux futures normes thermiques et environnementales" détaille Mohamed Boutouil.
Initialement prévu sur 2 ans, "BTONLin" n'est donc aujourd'hui qu'à mi-chemin mais les trois partenaires restent motivés par le potentiel du projet pour le territoire comme le conclut la chercheuse Fouzia Khadraoui-Mehir : "Les résultats obtenus et la valorisation qui en découlera pourront également bénéficier au développement de nouvelles filières de fibres végétales, telles que les fibres de chanvre."
Crédits : ESITC Caen (DR).