"Ce qui m'attire, c'est l'inconnu"
Publié par Guillaume Dupuy, le 28 avril 2021 1.6k
Il a fallu plusieurs années à Cassandre Palix pour trouver sa voie. C’est finalement un détour par le Canada qui lui aura permis de découvrir sa passion pour les neurosciences et de monter sur la scène de “Ma thèse en 180 secondes” où elle a décroché le “Prix des lycéen·ne·s” 2021.
Avec son Baccalauréat scientifique, Cassandre Palix s’imagine en médecin. Elle s’inscrit en Première année commune aux études de santé (PACES) mais échoue à deux reprises aux concours finaux. Changement de direction. La Caennaise intègre une seconde année de Licence de Biologie de l’Université de Caen Normandie mais, là aussi, c’est l’impasse : “Les enseignements étaient très généralistes, je ne m’y retrouvais pas”, explique-t-elle. Cassandre se retrouve à une intersection. “Je ne voulais pas poursuivre dans ces études, il me restait donc deux choix : entrer en école d’ingénieur·e·s ou partir effectuer une année à l’étranger.”
Elle choisit la seconde option et s’envole pour l’Université du Québec à Trois-Rivières (UQTR). C’est là-bas qu’elle trouve sa voie. Elle y découvre une autre façon d’enseigner, “plus libre et plus pratique”, et se prend de passion pour les neurosciences. “Ce qui m’attire, c’est l’inconnu”, commence-t-elle. “Tout ce que l’on pense, tout ce que l’on fait, y compris notre vieillissement, tout ça est contrôlé par notre cerveau et pourtant, nous ne savons pas encore beaucoup de chose sur lui.”
De retour en France, Cassandre est décidée à poursuivre dans ce domaine. Elle se met en recherche d’un Master et constate que les neurosciences sont une des thématiques phares de l’Université de Caen Normandie, avec la plateforme d’imagerie biomédicale Cyceron. Elle postule puis intègre l’équipe de la Docteure Gaël Chételat au sein du laboratoire “Physiologie et imagerie des troubles neurologiques” (PhIND) à l’occasion de ses stages. C’est dans cette unité qu’elle mène aujourd’hui ses recherches.
COMPRENDRE
ET AGIR SUR NOTRE VIEILLISSEMENT
D’ici à 2050, le nombre de plus de 60 ans devrait plus que doubler dans le monde. Face à ce phénomène, le sujet du “bien vieillir" est devenu un véritable enjeu de société. C’est pourquoi l’équipe caennaise coordonne depuis 2016 le programme européen “Silver Santé Study”. Son objectif : identifier les facteurs qui impactent la santé mentale et le bien-être des seniors.
Le travail de thèse de Cassandre s’inscrit dans cette vaste étude. “Nous savons que des activités comme la méditation ou l’apprentissage de langues étrangères ont un effet bénéfique sur notre cerveau” détaille-t-elle avant de s’interroger : “Est-ce que cela pourrait être le cas pour tout notre corps ?”.
Avant de répondre à cette question, la jeune chercheuse doit tout d’abord établir un lien entre le vieillissement du corps et la dégénérescence du cerveau. Elle compare pour cela l’évolution de la structure et du fonctionnement cérébral de 135 volontaires de plus de 65 ans avec celle de leur charge allostatique. “Il s’agit d’un score, d’une note qui permet d’évaluer l’usure globale du corps en combinant différents indicateurs comme le rythme cardiaque, l’IMC ou le taux de sucre dans le sang. C’est un peu comme un contrôle technique !”I.
GARDER
LES PORTES OUVERTES
Ce travail de recherche complexe, Cassandre a souhaité le présenter aux publics de l’édition 2021 de “Ma thèse en 180 secondes”. “L’idée a commencé à germer il y a un an. Tou·te·s les doctorant·e·s ont dû présenter leur thèse en un temps limité lors d’un colloque du programme. L’exercice m’a beaucoup plu, ça m’a donné envie d’aller plus loin. J’ai participé à une série de podcasts pour la Fête de la Science et quand les inscriptions se sont ouvertes pour le concours, je me suis lancée.”
La présentation de Cassandre a reçu le “Prix des lycéen·ne·s”, une récompense qui lui a permis de franchir une nouvelle étape : “Je ressors de cette expérience avec un peu plus de confiance en moi et la confirmation que j’aime simplifier les choses pour les rendre accessibles.”
Une perspective de carrière ? Elle n’en sait rien : “J’aime la médiation comme l’enseignement. J’aime aussi ce que je fais en recherche, avoir toutes ces données et les analyser pour réussir à en sortir quelque chose.” Alors pourquoi pas enseignante-chercheuse ? “Je ne peux pas dire où je serais dans 20 ans. Je laisse toutes les portes ouvertes !”.