Chandrou Koumar : Si j'avais su
Publié par Guillaume Dupuy, le 24 février 2015 2.2k
Chandrou Koumar a 25 ans. Originaire de Bretagne, il est arrivé en mai 2013 à Caen au laboratoire “Mobilités : Attention, Orientation et Chronobiologie” (COMETE, UMR-S 1075) pour mener une thèse en neurosciences sur les troubles du sommeil. Un but pour certains, une simple étape de parcours pour lui qui s’imagine plus dans la peau d’un journaliste scientifique que dans celle d’un grand chercheur.
Bonjour Chandrou. Merci de nous accueillir dans ton laboratoire. Comment es-tu arrivé jusqu’ici ?
Bonjour. Alors, je suis originaire de Rennes mais j’ai pas mal bougé depuis. Avant d’arriver au laboratoire COMETE en 2013, je suis passé par un IUT “Génie biologique” à Laval et un Master de neurosciences et de neuropsychologie à Bordeaux. J’ai aussi fait pas mal de stages, à Nice et à Montréal notamment.
Quel est le sujet de ta thèse ?
Mes recherches portent sur le lien entre la température corporelle et les troubles du sommeil, plus précisément la narcolepsie. On sait que cette maladie est provoquée par un déficit en Orexine. Sa production étant liée à la température, je cherche à savoir si la pratique sportive peut apporter un mieux aux narcoleptiques.
Comment as-tu choisi ce thème de recherche ?
Ce n’est pas moi qui l’ai choisi. J’ai commencé à travaillé sur le sommeil pendant mon stage de Master au Québec. De retour en France, on m’a proposé une thèse à Caen sur la température avec une partie de développement d’un nouveau dispositif d’enregistrement baptisé “e-Celsius” [Une capsule ingérable développée par la société caennaise BodyCap, ndlr]. Le sujet était novateur mais un peu trop limité à mon goût. J’ai donc demandé à ce que l’on ajoute une thématique autour du sommeil.
C’était une évidence pour toi de poursuivre tes études jusqu’au doctorat ?
Oui et non. En fait, c’était le choix le plus optimal pour atteindre mon objectif professionnel : j’aimerais faire de la communication scientifique à temps plein.
Mais pourquoi la thèse alors ?
J’ai eu la chance de rencontrer la rédactrice en chef de “La Recherche”. Elle m’a clairement dit que personne ne m’engagerait à la sortie de mon Master. Soit je suivais une formation en journalisme, soit je poursuivais mes études scientifiques. Je me suis dit qu’il valait mieux que j’aille jusqu’au bout de mon parcours en neurosciences. En parallèle, j’ai aussi lancé mon blog “Si j’avais su”.
Tu as toujours eu cet intérêt pour la communication scientifique ?
Je suis le seul scientifique de ma famille. Ils ne comprenaient pas ce que je faisais. Je me suis dit que je devais faire quelque chose.
Comment as-tu découvert la formation proposée par Relais d’sciences ?
C’est le laboratoire qui nous a proposé d’y participer. A l’époque, je travaillais déjà sur mon blog mais nous ne l’avions pas encore lancé; J’ai vu dans cette formation l’opportunité d’apprendre les techniques de la communication scientifique et d’affiner mon projet.
Tu peux nous en dire plus sur ton blog ? Comment t’es venue l’idée ?
Ça fait des années que j’ai ce projet en tête. Une fois arrivé en doctorat, je me suis dit que c’était maintenant ou jamais. J’en ai parlé à un premier ami et on s’est lancé. Les choses ont ensuite été très vite grâce à l’aide de mon entourage.
Quelque soit le sujet, la science questionne autant qu’elle fascine. Il faut juste trouver une façon de l’expliquer clairement et, surtout, sans se prendre trop au sérieux. C’est pour ça que j’ai inventé Droupix : un jeune chercheur qui parle de neurosciences de façon “funky”.
Pourquoi avoir créé un personnage fictif ?
Dès le départ, j’ai voulu que le projet soit incarné. Pour autant, je ne voulais pas forcément me retrouver en première ligne.
Créer le personnage de Droupix m’a permis de bien différencier ma vie professionnelle de doctorant de mon projet personnel. Cela m’aide aussi à prendre du recul au cas où cela ne fonctionnerait pas.
Que va devenir Droupix dans les années à venir ?
J’avais dit à tout le monde que le projet ne durerait que le temps de ma thèse. Et puis, on finit par s’attacher. Aujourd’hui, on n’a plus du tout envie de l’abandonner. Ce serait d’ailleurs contre-productif.
On a souvent tendance à penser que les choses vont vite sur Internet. C’est vrai, si on veut juste faire le buzz, mais nous on veut imposer une marque, un style d’expression. Se construire une identité et une communauté, ça prend du temps.
On veut aussi continuer à expérimenter de nouveaux formats pour élargir au maximum notre champ d’expression : articles, musique, BD, classements interactifs, doublage sonore, … on a suffisamment d’idées pour les 2 ou 3 années à venir !
Il y a notamment ce jeu vidéo que tu développes avec Relais d’sciences…
Oui. Virginie [Virginie Klauser, médiatrice scientifique à Relais d’sciences, ndlr] est venue me voir avec un projet de serious game. C’est une super opportunité qui entre totalement dans ma démarche.
Mon rôle se joue plutôt dans l’écriture du scénario. On espère bien que cela donnera l’envie à d’autres chercheurs d’investir ce format pour expliquer leurs travaux.
Au final, comment vois-tu ton avenir ?
Pour l’instant, je suis concentré sur ma thèse. Je voudrais ensuite me consacrer à temps plein à mon projet professionnel. Après, il y a la réalité et des priorités, comme payer mon loyer par exemple, mais je suis confiant. Tout ça, c’est une question d’objectifs et de timing. Moi, j’ai le mien. Je sais que je vais l’atteindre un jour. Ne reste plus qu’à savoir quand.