Débordions : parcours inclusif, accessible et sécurisé au fil de l’eau

Publié par Presqu'en Fabrique, le 24 septembre 2024   180

La signalétique est un élément essentiel pour la communication visuelle et l'orientation dans l’espace. Elle peut améliorer l'accessibilité, la sécurité et renforcer l'identité des lieux. Un design bien pensé évite la confusion, optimise le flux de personnes et crée une expérience usager cohérente et agréable. À la suite du diagnostic d’un premier groupe de travail du collectif Presqu'en Fabrique, nous proposons un regard international et interdisciplinaire sur la signalétique.

La sécurité avant tout !

La signalétique permet la sécurisation des lieux afin de proposer une expérience positive aux différents usagers. L’idée est de délimiter clairement les différents espaces.

Concrètement, la séparation des espaces entre les chemins piétons et cyclistes par une bande en galets permet aux personnes malvoyantes de détecter le changement de surface grâce au bruit de leur canne sur le sol en les alertant si elles s'écartent du chemin piéton. Les enfants constituent également un public intéressant : la signalétique doit être plus attrayante et compréhensible. Le canton de Bâle-Ville, en Suisse, propose par exemple d’adapter la hauteur des pancartes dans son guide “Les Yeux à 1,20m”.

Signaler pour guider

Orienter et guider les personnes vers des endroits clés, adaptés à leurs usages et besoins est aussi un objectif essentiel. Ainsi, panneaux, marquages au sol ou éclairages doivent s’adapter à tout type de population.

Une approche multisensorielle, qui mêle à la fois vue, ouïe ou encore odorat, permet de répondre à cet enjeu. Un bon exemple est la sculpture sonore Sound Island (Bill Fontana, 1994) qui reproduit le bruit des vagues sous l’Arc-de-Triomphe grâce à des microphones sous-marins ; ou encore les signalétiques olfactives urbaines en place à Shanghai qui utilise la nature pour créer de bonnes et de mauvaises odeurs au sein d’un parcours éducatif centré sur la pollution des villes.

La création de parcours matérialisés par des lignes continues peintes sur le sol, comme la ligne verte à Nantes, peut contribuer à faciliter le déplacement dans l’espace, notamment des enfants et des personnes qui souffrent de déficiences cognitives et qui peuvent facilement être désorientés. Ils permettent aussi aux touristes de découvrir les endroits incontournables de la ville. Pour les enfants, les marelles et les peintures au sol peuvent rendre le parcours plus ludique et attractif. La mise en relief de certains éléments et des balises sonores, à l’instar des double bandes en relief mises en place dans les gares SNCF, peuvent également s'insérer dans le paysage pour intégrer les personnes mal-voyantes dans l'espace urbain.

Ensuite, une charte graphique unifiée est essentielle pour donner une identité visuelle à une ville, un quartier ou un évènement. La couleur des panneaux roses installés dans les transports parisiens pendant les Jeux Olympiques de Paris 2024 avaient par exemple l'intérêt de se différencier avec le reste de la signalétique de la ville ; aidant ainsi les personnes avec une déficience visuelle à mieux se repérer. Le tableau des contrastes de couleurs, élaboré par Arthur P et Passini R (*People, Signs and Architecture*, 1992) nous donne notamment une idée des couleurs optimales à utiliser dans le cadre de la signalétique urbaine.

Source : Defense-92.fr

Néanmoins, pour être le plus inclusif possible, la plupart des projets reposent sur une signalétique avec des pictogrammes universels, de grande taille et en relief pour intégrer les populations allophones, les personnes avec des déficiences cognitives, malvoyantes, sourdes de naissance ou encore les enfants comme l’a fait la ville d’Arles.

D'autres exemples incluent des panneaux accompagnés de brailles pour les personnes malvoyantes, une carte d’orientation équipée de signaux tactiles et sonores ou encore des applications de guidage numériques adaptées aux personnes sourdes et malentendantes telles que Evelity.

Un autre exemple se trouve à Zurich où la promenade Limmat propose des panneaux faciles à lire, des cartes tactiles et des systèmes audio pour guider les visiteurs sur des chemins accessibles aux fauteuils roulants.

Ensuite, équiper les transports publics de rampes facilement identifiables facilite l'accès à l'espace des personnes à mobilité réduite.

Source : Positive wayfinding tactile paving and Braille maps on handrails. Schladming, Austria.

Un outil au service de la culture et de l’éducation

La signalétique peut également avoir un objectif didactique ou de sensibilisation. La ville de Pamiers a imaginé un jeu d’énigme géant à l’échelle du territoire, à destination de petits et grands, pour (re) découvrir l’Histoire.

Source : Enigmacorp.net

L'écomusée de la Ferme de Courte a relevé le défi en mettant en place une signalétique extérieure avec un disque tournant en forme de totem sur lequel est installé un dispositif de jeu pour les enfants afin de découvrir la biodiversité locale.

Source : 3D-incrust.fr

L’art et la signalétique : mêler l’utile au beau

Enfin, l'aspect artistique de la signalétique peut permettre de transformer les simples indications en véritables œuvres visuelles qui captent l'attention tout en enrichissant l'expérience des utilisateurs. En intégrant des éléments créatifs et esthétiques, la signalétique peut guider, raconter une histoire et refléter l'identité d'un lieu, rendant le parcours à la fois intuitif et captivant.

Ce fut notamment l'ambition d'un projet installé près de la Loire, où des bornes interactives permettent aux visiteurs d’en apprendre davantage sur le fonctionnement de l’eau et son impact sur la ville au travers de sculptures et de diverses installations qui s'accompagnent d'une signalisation artistique.

Ce dernier exemple nous prouve qu'il ne faut pas arrêter de déborder d'idées, car il est tout a fait possible de mêler inclusivité, accessibilité et sécurité au cœur d'un évènement festif. Rendez-vous en juin 2025 pour voir jusqu'où iront notre créativité !


Le collectif Presqu'en Fabrique regroupe les étudiant·e·s du Campus des Transitions et de l'Ecole de Management de Normandie (EMN). Il est accompagné par le Dôme et Le Pavillon pour animer un parcours d'innovation ouverte avec les habitant·e·s pour imaginer des installations tactiques et éphémères sur la Ville de Caen.

Pour aller plus loin, découvrez le dossier de la 5ème saison de Presqu'en Fabrique.