Fibre de lin : l’innovation venue de la terre
Publié par UNICAEN Normandie, le 22 septembre 2020 1.4k
Le lin, traditionnellement utilisé sur le marché du textile, intéresse de plus en plus de secteurs industriels. Et pour cause : léger et résistant, le lin est un produit écologique qui a tout pour plaire. Mais la fabrication de matériaux à base de fibres de lin est encore aujourd’hui un défi technologique. À Alençon, le CIMAP travaille sur ces problématiques industrielles depuis plus de 10 ans.
Le lin : une fibre naturelle à fort potentiel
La Normandie, avec son climat océanique favorable, assure plus de 50% de la production mondiale de lin textile. Si le marché du textile reste le principal débouché, les pistes se multiplient aujourd’hui : le lin est en effet un produit local, biodégradable et renouvelable, doté de propriétés remarquables. « La fibre de lin est une fibre végétale légère. Si on l’associe à une résine naturelle, on obtient un matériau composite robuste et résistant, biodégradable, capable d’absorber les vibrations et les sons », précise Christophe Poilâne, maître de conférences en sciences des matériaux. « Toutes ces qualités intéressent de nombreux secteurs industriels comme l’aéronautique, l’automobile, et les équipementiers de sport et loisirs. » La fibre de lin est ainsi de plus en plus prisée pour entrer dans la fabrication de pièces techniques comme les plages arrière de voiture. Le lin est une alternative écologique aux produits énergivores ou dérivés du pétrole comme la fibre de verre et la fibre de carbone, difficiles à recycler.
Aux côtés des industriels de la filière
Reste que le lin est un produit vivant, qui soulève des incertitudes plus grandes qu’une fibre synthétique. « Le lin est difficile à manœuvrer, la plante étant composée d’un enchevêtrement complexe de fibres plus ou moins longues et plus ou moins épaisses », précise Émeline Arnaud, post-doctorante en sciences des matériaux. « De plus, les fibres seront de plus ou moins bonne qualité en fonction des années. Or le voile de lin obtenu après transformation ne doit pas être différent d’une année sur l’autre ». Pour offrir à leurs clients un matériau sûr et performant, les entreprises doivent s’assurer de la qualité de leur produit à chaque étape de la fabrication. À Alençon, le CIMAP travaille depuis plus de dix ans aux côtés des entreprises normandes pour améliorer leurs gammes de produits à base de fibres de lin. « Nous travaillons actuellement avec les entreprises Linéo et Écotechnilin dans le cadre du projet NEPFLAX, précise Christophe Poilâne. Ce projet s’inscrit dans une problématique industrielle : élaborer de nouveaux procédés de fabrication permettant d’obtenir une nouvelle gamme de produits répondant aux besoins grandissants des marchés ».
NEPFLAX : développer de nouveaux matériaux à base de fibres de lin
À Alençon, une équipe de cinq personnes travaillent sur le projet NEPFLAX. Au laboratoire, on teste, on mesure, on analyse le matériau produit selon ces nouveaux procédés de fabrication. Quels sont les meilleurs paramètres de fabrication ? Le matériau obtenu est-il conforme aux exigences de qualité ? Quelles sont les propriétés physiques et mécaniques du matériau en fonction du type de fibre et du type de résine utilisés ? « L’objectif est de caractériser le voile de lin pour s’assurer qu’il répond bien, au final, aux objectifs fixés par l’industriel », souligne Christophe Poilâne, responsable scientifique du projet NEPFLAX.
Le CIMAP développe également des méthodes en analyse d’image permettant aux fabricants de contrôler eux-mêmes, en continu, la qualité du matériau sur un échantillon donné. « Le fabricant doit pouvoir faire des mesures et des vérifications directement lors de la fabrication du voile de lin, pour être réactif en cas de problème — si les fibres sont mal orientées ou si le grammage n’est pas régulier, par exemple. Les secteurs industriels visés sont évidemment très exigeants en matière de qualité. Nous cherchons à faciliter la tâche des fabricants, pour favoriser le développement d’une filière industrielle durable ».
Le projet NEPFLAX est cofinancé par le Fonds européen de développement régional dans le cadre du programme opérationnel 2014-2020.