Le baguage des oiseaux
Publié par Association CHENE, le 19 août 2023 1.5k
« La bague à la patte »
Chaque année, le Centre de Sauvegarde du CHENE accueille un grand nombre d’oiseaux, appartenant à des espèces différentes. On retrouve aussi bien des rapaces diurnes et nocturnes, des oiseaux marins, des corvidés, des passereaux, etc… Pour n’en citer que quelques-unes, parmi les espèces accueillies, on peut citer le Faucon crécerelle, le Pigeon ramier, le Martinet noir, la Chouette hulotte, le Goéland argenté, l’Hirondelle de fenêtre.
Pourquoi baguer les oiseaux en volière ?
Les oiseaux présents dans les volières du Centre de Sauvegarde portent différentes bagues aux pattes. Les oiseaux sont bagués afin d’être identifiés, surtout lorsqu’ils sont plusieurs individus de la même espèce dans la même volière. L’identification est importante dans la mesure où la santé des oiseaux est surveillée, certains reçoivent des soins ou font l’objet d’observations spécifiques, par rapport à leurs problèmes (il peut s’agir par exemple, de la surveillance d’une aile chez l’un, du contrôle d’une plaie chez l’autre, etc…). De plus, leurs poids est régulièrement surveillé, ce qui permet notamment aux soigneurs et aux bénévoles de s’assurer que leurs pensionnaires s’alimentent bien et reprennent des forces.
La bague que ces oiseaux portent en volière est retirée au moment du relâcher. À quelques rares exceptions, les pensionnaires ne sont pas relâchés bagués.
Deux Pies bavardes partageant la même volière en attendant d’être relâchées.
Pour les différencier, l’une porte une bague rouge, l’autre une bague blanche.
Auparavant, les bagues utilisées par le CHENE étaient en plastique. Fragiles, elles se cassaient souvent...et coûtaient cher ! C'est pourquoi à présent nos bagues temporaires sont créées grâce à l'impression 3D par un membre de l'équipe.
Qui peut baguer les oiseaux dans la nature ?
Dans la nature, ils peuvent être bagués dans le cadre d’études sur les populations d’oiseaux. En France, il existe plusieurs programmes de baguage qui sont coordonnés par le Centre de recherche sur la biologie des populations d’oiseaux (C.R.B.P.O.) du Muséum national d’histoire naturelle (Paris).
Chaque bague porte un numéro d’identification unique qui identifie l’oiseau et permet de le relier à un programme de baguage. Un oiseau bagué en France portera la mention « OIS. MUS. PARIS » ou OIS. MUSEUM PARIS » ou « MUSEUM PARIS ». Quand un oiseau bagué est découvert, des informations sont transmises au muséum à laquelle la bague fait référence. D’autres pays participent à des programmes de baguages.
L’European Union for Bird Ringing (EURING) coordonne les échanges et la collecte des données de baguage au niveau européen ainsi que de favoriser la standardisation des techniques et des données.
Cette Mouette rieuse, accueillie au CHENE en 2022, possédait déjà deux bagues au moment de sa prise en charge : 1 bague du muséum de la Pologne et 1 bague issue d’un autre programme de suivi.
Le baguage est effectué suivant des protocoles établis par le CRBPO. Les bagueurs doivent obligatoirement être titulaires d’une autorisation de baguer. Bien souvent, il est nécessaire de pratiquer un certain nombre d’années, en compagnie d’un bagueur titulaire, avant d’être habilité à effectuer cette activité seul.
Pourquoi baguer les oiseaux dans la nature ?
Le baguage des oiseaux s’inscrit dans le cadre de plusieurs programmes d’études. Le baguage, en plus des observations et des opérations de comptage, permet de suivre individuellement les oiseaux et de recueillir différents types d’informations.
→ Il permet de recueillir des informations démographiques, grâce à des programmes de capture et de recapture. Savoir quand et où un oiseau à été bagué permet d’en apprendre davantage sur ses déplacements et sur sa fréquentation d’un site donné.
Par exemple le programme STOC Capture permet le suivi temporel des oiseaux communs, il s’agit d’un suivi à long terme sur un site donné, pendant la période de nidification.
→ Le baguage apporte également de précieuses informations permettant de connaître les comportements migratoires et les voies de migration des oiseaux.
→ Le baguage intervient également dans d’autres types de suivis, dans le cadre de programmes personnels. (Une demande de programme personnel passe obligatoirement par une commission d’évaluation du CRBPO.)
Le baguage permet d’étudier une population d’oiseaux donnée et de récolter un grand nombre d’informations, tel que la vitesse de vol et la distance parcoure, ainsi que la longévité d’une espèce dans la nature. Au moment du baguage, un certain nombre de données biométrique est enregistré pour chaque oiseau (mesure de longueur du corps, de la longueur du tarse, de la masse, de l’épaisseur du bec, etc…). Il est ainsi possible d’établir des sous-espèces et d’acquérir de nouvelles données sur des espèces méconnues.
Les oiseaux domestiques bagués
Les oiseaux d’élevage sont bagués par l’éleveur. De cette manière, un oiseau issu de l’élevage peut être relié à un éleveur, et a fortiori à son propriétaire. Cette bague joue le rôle de véritable carte d’identité, car elle renseigne sur : le pays de naissance de l’oiseau, l’année de délivrance de la bague, le numéro (code) de l’éleveur ou de l’association, l’identification de l’organisme qui a délivré la bague.
Les pigeons voyageurs sont bagués, le numéro d’immatriculation sur la bague permet de relier un individu à son propriétaire. De la sorte, lorsqu’on trouve un pigeon voyageur, il est possible de contacter un colombophile et de transmettre le numéro lu sur la bague, afin de retrouver le propriétaire de l’oiseau.
Au CHENE, quels animaux sont relâchés bagués ?
Il est rare, au CHENE, de relâcher des animaux bagués. Ceux qui n’échappent pas à la règle sont les phoques ! Chaque phoque gris et veau-marin accueilli au centre est bouclé au niveau de la palmure, avec un numéro d’identification. Cette opération s’effectue au moment de son passage de la quarantaine à la piscine. Il conservera cette bague toute sa vie. De cette façon, il est possible de retracer leur historique, s’ils sont repris par un autre centre de soins par exemple, ou de les identifier s’ils sont observés dans la nature.
Bouclage sur la palmure d’un phoque.
Ainsi, en 2023, l’équipe du CHENE a par exemple reçu des nouvelles de Pogo, un jeune phoque veau-marin, accueilli au CHENE pendant l’été 2022, en provenance de Crotoy dans la Baie de Somme. Pogo a été observé, courant mars, par des agents de la Maison de l’Estuaire.
Concernant les phoques, des programmes de baguages existent en France afin d’étudier et de recenser les colonies de phoques et leurs reposoirs.
Du côté des oiseaux, les individus pris en charge au CHENE et possédant déjà une bague issue d’un programme la conservent bien évidemment au moment du relâcher. D’autres oiseaux peuvent être bouclés s’ils s’inscrivent dans le cadre de programmes.
Baguage de jeunes goélands en soins au CHENE.
article : Gersande Lemarchand
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Pour en savoir plus :
« Le baguage ornithologique pour la science et la conservation » EURING
« Les programmes de recherche » CRBPO