Léon le nettoyeur bientôt dans le port de Caen

Publié par Pauline Ducoulombier, le 9 septembre 2019   2k

Imaginé par un groupe d’usagers dans le cadre des “Mercredis de l’hydrogène” entre janvier et juin 2019, Léon, le robot nettoyeur alimenté à l’hydrogène, devrait être capable de nettoyer les eaux portuaires de leurs déchets flottants. Première mise à l’eau prévue au printemps 2020.

Au mois de juin 2020, si toutes les conditions sont réunies, Léon, le nettoyeur, naviguera pour la première fois sur les eaux du port de Caen. Ce bateau aux dimensions modestes (1m×0.5m), muni d’un tapis roulant et d’un bac arrière, pourra récupérer et stocker les objets flottants à la surface de l’eau. Radiocommandé, il sera guidé par un opérateur l’aidant à atteindre les zones à nettoyer, à récupérer les déchets et vider le bac une fois l’opération terminée. Plus important encore, ce navire pas comme les autres sera propulsé par de l’hydrogène produit grâce au démonstrateur du programme ARTEMIS. Ce projet est l’aboutissement de  la démarche Living Lab mise en oeuvre dans le cadre des “Mercredis de l’hydrogène”.

LivingLab :
un espace de co-création et d’innovation ?

En janvier 2019, lors de la première séance des “Mercredis de l’hydrogène”, l’ensemble des participants était invité à choisir parmi les 30 scénarios d’usage imaginés lors des ateliers précédents celui sur lequel ils souhaitaient travailler. Un groupe s’est formé autour du projet visant la construction d’un navire fonctionnant à l’hydrogène. Mais les échanges qui ont lieu dès la première séance vont infléchir le projet initial. 

Les participants veulent, en s’inspirant du “Jellyfishbot”, que ce bateau ait pour but de nettoyer le Bassin Saint-Pierre de ses déchets. Ils lui donnent un nom : ce sera “Léon, le Nettoyeur”, en référence au film de Luc Besson. 


Les Mercredis de l’hydrogène qui suivent verront le groupe évoluer. Initialement composé de trois personnes, il compte dorénavant jusqu’à huit prototypeurs. À Alain Alliot, Sean Dehais et Jean-Claude Gardeblé, présents aux prémices du projet, est rapidement venu  s’ajouter le savoir-faire d’Arnaud Duthilleul dans le domaine du design industriel. En parallèle, des experts ont été sollicités ‒ à l’image d’Emmanuel Schillewaert, délégué régional d’ENGIE, venu présenter l’Energy Observer ‒ afin de répondre aux questions posées par le groupe. C’est tout un écosystème qui s’est finalement formé autour de ce projet et a permis de réunir des personnes aux compétences diversifiées : au design s’est ajouté l’électronique, la mécanique, la gestion de projet… Les membres du club de modélisme de Cabourg  ont rejoint le projet afin de partager leur expérience des systèmes radiocommandés, et leurs compétences dans la mise en oeuvre d’une démarche de projet aboutissant à la fabrication d’objets originaux. 

Très rapidement, il est apparu que le cadre des “Mercredis de l’hydrogène” n’était plus suffisant pour soutenir l’accélération du projet : la communauté “Léon” s’est donc retrouvée plus régulièrement (une fois par semaine au mois de juin notamment) pour parvenir à définir l’ensemble de ses modalités. Cela s’est avéré nécessaire pour schématiser les circuits électroniques, coder les cartes utiles au système radiocommandé, modéliser les mécanismes et optimiser l’architecture dans le but de définir et d’intégrer au mieux chaque élément indispensable au fonctionnement du prototype.

Outre l’association d’individus aux caractéristiques diverses et l’organisation de leurs rencontres régulières, cette expérience est emblématique de la démarche LivingLab car elle correspond à une idée de l’innovation qui se nourrit des expériences, des compétences et des usages de chacun pour aboutir. Des problèmes se posent, mais ils sont résolus par la mobilisation de compétences nouvelles qui nourrissent les discussions et permettent l’avancée du projet.

Autour du projet

Ces compétences permettent d’étendre la communauté “Léon” puisque la mise en oeuvre technique du projet nécessite des outils et des compétences spécifiques. 

Ainsi, les flotteurs de ce navire seront-ils fabriqués par les élèves de la section “Plastiques & Composites” du Lycée Jules Verne de Mondeville (14) et l’entreprise “Grand Largue Composites” située à deux pas du Dôme sur la presqu’île de Caen (14). Le défi de la fabrication du tapis roulant sera relevé par les élèves en “Sciences de l’ingénieur” du Lycée Julliot de la Morandière de Granville (50). Le poids de Léon étant relativement important (environ 30 kg), la nécessité d’un chariot permettant de le déplacer à terre et de le mettre à l’eau est rapidement apparue. Celui-ci sera confectionné par les apprentis et les stagiaires de la Fabrique de l’avenir - UIMM Normandie. En ce qui concerne la pile à combustible et le matériel qui permettra à Léon de fonctionner à l’hydrogène, un pack énergie a été commandé auprès d’une start-up fabricant des vélos à hydrogène identiques à ceux que l’on peut d’ores-et-déjà utiliser à Saint-Lô (50). La production de l’hydrogène sera assurée par le démonstrateur actuellement en montage chez H2SYS et qui sera présenté lors du TURFU Festival en octobre 2019 au Dôme. Afin que Léon soit un vrai robot avec de l'Intelligence Artificielle (IA), c'est la société Conscience qui mettra ses compétences au service du projet.

“Léon”, avant même sa mise à l’eau, apparaît comme une réussite dans la mesure où il a permis de réunir des compétences régionales et de sensibiliser les publics à la dimension environnementale de la problématique qu’il cherche à résoudre.

À suivre… 

Le projet vous intéresse? Voici les dates :

  • 19 septembre: Atelier sur l’organisation des prochaines étapes de fabrication, commande de matériels et planification des mois à venir.

  • 19 et 20 septembre: Usinage des mousses de fabrication des flotteurs au Dôme avec le Lycée Jules Verne.

  • 14 octobre: Workshop Fabrication des flotteurs chez GL Composites avec le Lycée Jules Verne, travail sur le composite.

  • 15 octobre:  Workshop Fabrication des flotteurs chez GL Composites avec le Lycée Jules Verne, travail sur le composite.

  • 7 novembre: Atelier autour de la pile à combustible et du système électrique.

  • 5 décembre: Atelier d’assemblage des éléments dans les coques.

Curieux, bricoleuses, inventeurs, novices ou connaisseurs, vous êtes les bienvenu(e)s pour mettre en commun vos idées, envies, compétences et connaissances. 

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Le programme "TÉTHYS" est porté par la Maison de la recherche en sciences humaines Caen Normandie et la Maison des sciences de l'Homme de Dijon en association avec Le Dôme, l'Ecole Polytechnique de Nantes et l'Université Nice Sophia Antipolis. Il est soutenu par l'Agence nationale de la recherche. Le programme “ARTÉMIS” est porté par le Centre de recherche sur les risques et les vulnérabilités (CERREV) en partenariat avec le Groupe de recherche en électrotechnique et automatique du Havre (GREAH), le Laboratoire des dynamiques sociales (DySoLab), le Laboratoire universitaire des sciences appliquées de Cherbourg (LUSAC).

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Cet article a été écrit avec Rudy Amand.