Introduction

Il est intéressant d'aborder le sujet du point de vue historique de la Presqu'île de Caen. La timeline ci-dessous présente les dates clés de sa construction jusqu'à nos jours.

Crédit carte : Archives du Calvados

L'accessibilité

Le projet d’aménagement de la Presqu’île débute en juin 2010, face au port de plaisance, afin de répondre aux nouvelles attentes de la population caennaise. L’émergence de nombreux équipements et infrastructures engendrent de nouveaux usages et flux, sur un espace encore peu fréquenté.

Depuis 2005, les communautés urbaines se doivent de rendre accessible leur voirie à l'ensemble de leur population. En mars 2007, la Ville de Caen crée un commission communale pour l’accessibilité qui a pour mission de dresser un constat de l’état d'accessibilité sur son territoire. Sur le terrain, nous avons ressenti une volonté de faire profiter au plus grand nombre ce nouveau cadre de vie, en bordure du port de plaisance et du canal. Toutefois, des améliorations pourraient être apportées afin de favoriser l'accessibilité pour tous sur le parcours prévu lors de l'évènement "Débordions".

Un espace dont l’accessibilité pourrait être renforcée en périphérie

L’accessibilité de la Presqu’île n’est ni uniforme ni homogène sur l’ensemble du parcours. Celui-ci peut ainsi se diviser en trois zones d’accessibilité : une première zone facilement accessible aux abords de l’avenue Victor Hugo et du pont de l’écluse ; une seconde, difficilement accessible sur le Carrefour Caffarelli ; et une troisième dont l’accessibilité est périlleuse dans la rue de Cardiff et le quai de Normandie puisque le cheminement piéton est absent dans un espace où le trafic routier est omniprésent. Nous avons ainsi constaté plusieurs anomalies :

• Des anomalies de visibilité : l’éclairage public n’est pas assez présent dans la rue de Cardiff et sur le quai de Normandie ;

• Des anomalies de stationnement : le mobilier urbain est absent sur Carrefour Caffarelli ainsi que dans la rue de Cardiff et sur le quai de Normandie. Des aménagements temporaires perturbent légèrement la circulation piétonne près de l’avenue Victor Hugo ;

• Des anomalies de cheminement :par endroit, le trottoir est dégradé, déformé et possède un revêtement imperméable. De plus, le sol n’est ni uniforme ni homogène. Par exemple, la hauteur des bordures est parfois inadaptée et ne facilite pas la continuité du cheminement piéton.

Recommandations

• Engagement durable pour favoriser la qualité des voies de circulation : les revêtements pourraient être rénovés afin de fluidifier la circulation pour tous sur le Carrefour Caffarelli. De plus, la construction de voies piétonnes pourrait être envisagée dans la rue de Cardiff et sur le quai de Normandie.

• Assurer la sécurité pour tous sur les voies vertes : des aménagements le long du canal pourraient être réalisés afin de permettre au plus grand nombre de profiter de la biodiversité de la presqu’île comme des dalles podotactile, le renforcement de la préhensibilité des mains-courantes ou la mise aux normes PMR du mobilier urbain.

La signalétique

Identité de la Presqu'île : une signalétique en mille-feuille

Au cours de nos observations, nous avons remarqué que la signalétique de la Presqu’île prenait la forme d’un mille-feuille, correspondant aux différentes fonctions et usages du lieu au cours de son histoire.

Les affichages sont à la fois témoins de l’héritage du passé industriel du 20ème siècle et de la construction du quartier neuf, les rendant ainsi parfois difficiles à comprendre, obsolètes et déconnectés des usages actuels de la Presqu'île. En effet, certains panneaux indiquent des points d’intérêts qui ne sont plus en activité (Le Marché de gros), l’affichage du nom des rues ou de certains bâtiments sont manquants (Le Dôme). Aux alentours de la Presqu'île, peu d’indications incitent les visiteurs à se rendre dans les différents lieux d’intérêts, ce qui limite l’attractivité des activités de l’île.

Dans le cadre de l’événement du millénaire “Débordions”, nous avons analysé la signalétique autour du parcours du grand événement. Celle-ci est avant tout autoritaire et dédiée à la voiture : les panneaux sont principalement routiers (pour interdire le stationnement, limiter la vitesse), les lignes au sol délimitent les parkings.

Cela laisse peu de place aux mobilités douces (piétons, vélos) dont la signalétique est absente et donc insécurisante. Nous avons emprunté le cheminement du futur événement : l’absence de trottoirs nécessite de se déplacer sur la route où la vitesse des voitures est élevée, il y a peu de renseignements sur les lieux principaux de la Presqu’île (Le Dôme, La Boussole…) et les places de parking vélos sont peu visibles par manque de signalétique. On remarque aussi un manque d’information sur le patrimoine historique et naturel de la Presqu’île. La vétusté de certaines signalétiques contribue à la perception vieillissante et peu attractive de la Presqu’île. Les anciennes grues, la forte présence de l’eau sur l’île (l’écluse, les ponts, les bateaux), la faune et la flore ne sont pas mises en valeur.

Il ne faut pas négliger les représentations informelles qui représentent une part importante des messages délivrés aux passants : graffitis, dessins, affiches sont présents sur les murs, les blocs de béton ou bien sur le sol. Celles-ci marquent la présence de la culture caennaise (Fresque d’Orelsan) ainsi que la diversité culturelle et sociale des populations (étudiants, populations aisées, travailleurs et travailleuses du sexe, personnes en situation irrégulière, etc.) qui fréquentent et habitent les lieux. C’est le cas du graffiti “Avenue Pâquerette”, travailleur du sexe traversti, historiquement connu sur la ville de Caen.

Recommandations

Ainsi, trois préconisations se dégagent de notre état des lieux en vue de compléter et adapter la signalisation actuelle aux futurs événements de la Presqu'île :

• Mettre en place une signalétique esthétique, ludique et informationnelle sur le patrimoine de la Presqu'île (la faune, la flore ainsi que les éléments historiques et culturels), avec une carte d’orientation de la Presqu’île.

• Définir et installer une signalétique dédiée aux mobilités douces (piétons et vélos) dans leurs déplacements afin de créer des espaces sécurisés et agréables à pratiquer

• Mettre en valeur la signalétique informelle de la Presqu'île qui en fait son identité (graffitis et fresques). Il est aussi essentiel de prendre en considération toutes les populations déjà présentes qui habitent et vivent les espaces de la Presqu’île.

Le rapport à l'eau

La presqu’île de Caen, ancien pôle industriel, occupe une position stratégique entre l’Orne et le canal de Caen à la mer, ce qui en fait un espace fortement marqué par l’eau.

Aujourd'hui, l’eau représente à la fois une ressource, un enjeu écologique et un vecteur d’attractivité.

Nous avons constaté sur le terrain à quel point cet espace illustre une dynamique nouvelle entre l’Homme et son environnement, cherchant un équilibre entre développement urbain et préservation écologique.

L'eau fait donc partie intégrante de la presqu'île, mais se compartimente en plusieurs usages. La carte suivante illustre les différentes typologies d'aménagement autour de l'eau.

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Autour de la presqu'île, il est possible d'observer 3 types d'aménagements :

• La rivière de l'Orne avec un aspect plus naturel et une utilisation de l'espace par les travailleuses du sexe, les sans-domicile fixe et la population migratoire;

• Le Canal Victor Hugo avec un aspect plus minéralisé mais aussi ludique ;

• Le Canal Caen à la Mer avec un passé industriel et portuaire.

Recommandations

• S'engager durablement dans une démarche d'amélioration continue : promouvoir des stratégies d'adaptation et de gestion durable de l’eau pour faire face aux impacts du changement climatique et à l’urbanisation croissante, telles que les systèmes de rétention des eaux pluviales en amont de la presqu'île et la réduction des sources de pollution, doit être encouragée, piloté et suivie.

• Sensibilisation et éducation : accroître la sensibilisation des citoyens aux enjeux liés à l'eau et la présence de biodiversités.

• Se remettre collectivement en question : devons nous laisser faire la nature et nous adapter ou bien devons nous lutter contre la submersion attendue à projection 2100 avec des pluies plus intenses et des eaux surélevées à 1,80m ? Sources : Ouest France, Rapport du GIEC Normand

Conclusion

A la suite des observations de terrain et recommandations sur les thématiques de l'accessibilité, de la signalétique et de la perception de l'eau ; un second groupe de travail propose des sources d'inspiration en France et dans le monde afin d'apporter des points de vue originaux et innovants sur les problématiques soulevées par l'évènement "Débordions". Vous pouvez lire cet article en cliquant sur ce lien.

Le collectif Presqu'en Fabrique regroupe les étudiant·e·s du Campus des Transitions et de l'Ecole de Management de Normandie (EMN). Il est accompagné par le Dôme et Le Pavillon pour animer un parcours d'innovation ouverte avec les habitant·e·s pour imaginer des installations tactiques et éphémères sur la Ville de Caen.

Pour aller plus loin, découvrez le dossier de la 5ème saison de Presqu'en Fabrique.