Quand la recherche entre en action
Publié par Marylène Carre, le 31 juillet 2018 1.9k
Maxime Marie, enseignant-chercheur en géographie à l’université de Caen, coordonne un programme de recherche-action sur l’alimentation. Particularité du projet : les participants ne sont pas uniquement des chercheurs.
Comment s’approvisionnent les villes ? Qui décide et qui intervient sur les questions d’alimentation dans la cité ? Existe-t-il des projets de relocalisation pertinents ?
Ces questions sont au cœur du programme de recherche "Formes urbaines et gouvernance alimentaire" (FRUGAL) porté par deux laboratoires universitaires, "Espaces et sociétés" à Caen et "Politiques publiques, actions politiques, territoires" (PACTE) à Grenoble, et l’association "Terres en ville", qui fédère au niveau national des collectivités et des chambres d’agriculture.
Pendant quatre ans, 45 chercheurs issus de ces deux laboratoires vont amasser des données et de la connaissance pour comprendre les réseaux d’alimentation de onze aires urbaines, dont celles de Caen. Particularité de ce programme, il intègre des acteurs non-chercheurs, qui interviennent à chaque étape du processus, de la formulation des questions de recherche à la collecte des informations. "Sur chaque aire urbaine, nous avons un ou deux référents issus de la collectivité et de la chambre d’agriculture qui sont mis en position de chercheurs", explique Maxime Marie, co-coordinateur du programme sur le Grand ouest. Une fois par an, un groupe local ouvert au public permet de mettre en débat les résultats de la recherche.
ÉCLAIRER LES DÉCIDEURS,
AGIR EN CHERCHANT
"L’intérêt de cette forme de recherche-action est de faire participer des acteurs qui sont au cœur de ces problématiques d’alimentation et en ont une connaissance autre que celles de chercheurs", poursuit Maxime Marie. Ce qui permet à la fois d’enrichir le diagnostic, mais aussi d’appliquer le résultat des recherches sur le terrain, alors même que la recherche est en cours. Exemple. "En enquêtant sur les formes de relocalisation de l’agriculture en ville, on découvre l’existence d’une installation maraichère menacée d’expropriation car elle se trouve en zone naturelle sensible. Parce que la collectivité participe au groupe de travail, on imagine aussitôt des solutions pour maintenir l’exploitation avec une conversion bio". Recherche, action.
Les données collectées par les chercheurs éclairent les pouvoirs publics dans leur prise de décision. Le programme de recherche FRUGAL doit aboutir en 2020 à la rédaction d’un guide de la co-construction de systèmes alimentaires durables, qui servira de base à l’élaboration des programmes alimentaires territoriaux (PAT).
D’ici là, la recherche participative se poursuit. Durant le TURFU Festival, Maxime Marie proposera au public un itinéraire commenté du "paysage alimentaire" de la métropole caennaise.
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Crédits : Le Dôme/M. Carre (DR).