[RENCONTRE] Entretien des étudiant·e·s de Lettres en master 2 à l’université de Caen avec Antoine Mouton et Oliver Rohe
Publié par Imec - Institut Mémoires de l'édition contemporaine, le 5 décembre 2024 52
L'Imec a le plaisir d'accueillir en résidence les auteurs Antoine Mouton et Oliver Rohe. Le 28 novembre à la librairie Eurêka Street, les étudiant·e·s caennais·es de Simon Lanot, en master 2 de Lettres, ont interviewé les deux écrivains autour de leurs dernières publications respectives, HKZ et Chant balnéaire, et de leur écriture.
Antoine Mouton, auteur, poète et comédien, explore dans ses œuvres les recoins de l’intime et du quotidien. Parmi ses livres marquants figurent Au nord tes parents (2004), Le Metteur en scène polonais (2015), et HKZ (2023). Tous ces récits singuliers mêlent poésie, prose et écriture fragmentée grâce à ses carnets. À l’Imec, il développe Vivre sans les mains, une expérience littéraire sur un amour interdit de contact physique, questionnant les limites du corps dans les relations humaines.
Né au Liban et témoin de la guerre civile, Oliver Rohe entame son parcours littéraire après des études de droit et une carrière dans la presse. Ses romans, dont Défaut d’origine (2003), Terrain vague (2005), et Chant balnéaire (2023, Prix France-Liban), assemblent récits personnels et méditations politiques. À l’Imec, il travaille sur La Grande année, une réflexion hybride et chaotique sur l’après-guerre et l’existence en marge. Cet ouvrage sera la suite de l’exploration amorcée dans son dernier roman.
Lors de cette rencontre, les étudiant·e·s ont interrogé Antoine Mouton et Oliver Rohe sur leurs projets à venir et leur conception de l’écriture. Antoine Mouton a détaillé son approche fragmentée dans HKZ, à la manière des carnets intimes. Il a aussi évoqué les origines du texte, résultats de la perte de son amie comédienne Hermine Karagheuz. Ensuite, les questions des jeunes littéraires l'ont amené à développer sa pensée sur les jeux de mots dans Les Chevals Morts, et son exploration du lien entre le corps du comédien et celui de l’écriture. Avant de lire un extrait de Les Chevals Morts, il a mis en avant sa volonté de privilégier les mots et les sons sur l’image.
De son côté, Oliver Rohe a partagé ses réflexions sur l’écriture en français, langue de son pays d’adoption, tout en souhaitant aujourd'hui y réinjecter une diversité linguistique. Il a aussi abordé la responsabilité de l’auteur, l’idée de littérature comme expérience sensible face à l’histoire, et ses questionnements sur son lectorat, notamment les Libanais non-francophones. La rencontre s’est enrichie d’une lecture d’un passage de Chant Balnéaire.
Pour terminer cet entretien riche en échanges, les deux auteurs ont donné un conseil pour les auteurices de demain : l'écriture s'invente, le mieux est de trouver ses propres règles. Une recommandation qu'ils jugent finalement superflue et à ne surtout pas prendre au pied de la lettre !
Article rédigé par Agathe Pellerin, Master Histoire et Métiers du Patrimoine : musées et archives, université de Caen-Normandie