Soins à la faune sauvage en détresse : faire connaître et reconnaître l'Association CHENE
Publié par Association CHENE, le 16 septembre 2021 1.3k
Depuis les années 80, l'Association CHENE prend en charge des animaux sauvages blessés ou en détresse au sein de son centre de soins d'Allouville-Bellefosse (Seine-Maritime). Avec près de 2500 animaux accueillis chaque année, le CHENE a pour mission de les soigner, de les réhabiliter et de les relâcher dans leur milieu naturel. Un travail de protection de la biodiversité qui s'intensifie : ces dernières années, bénévoles et salariés redoublent d'effort face à l'augmentation du nombre d'accueils et au besoin de sensibiliser le grand public.
Initialement fondée en 1980 pour exposer temporairement des collections d'animaux sauvages naturalisés à Allouville-Bellefosse, l'Association CHENE a rapidement étendu ses actions au sauvetage des animaux en détresse. Situé en Seine-Maritime, l'association prend en charge plus de 250 espèces sauvages présentes dans le département. Oiseaux du littoral, mammifères terrestres et marins, passereaux ou rapaces... Les soigneurs du CHENE se sont spécialisés, participant ainsi activement à la protection et à la connaissance de la faune normande. Un savoir-faire qui ne s'improvise pas, et dont l'utilité grandit à cause de la pression exercée par les activités humaines sur les milieux naturels.
Soigner et réhabiliter la faune sauvage en détresse
Parmi les espèces accueillies au centre de soins du CHENE, on trouve des animaux emblématiques et protégés de la faune maritime : phoques gris et phoques veaux-marins sont pris en charge par l'association, lorsque les petits, au moment des naissances, sont abandonnés par leur mère à la suite de dérangements humains sur le littoral. A la vue des phoques, nombre de touristes sont tentés de prendre ces gros mammifères en photo et de s'approcher, poussant les femelles à s'éloigner des jeunes incapables de les suivre dans leur fuite. Après quoi, les mères ne reviennent pas récupérer leur petit, et une prise en charge par des personnes habilitées devient alors nécessaire. En lien avec le réseau Pélagis ainsi que le Réseau National d'Echouage (RNE), le CHENE organise le rapatriement des jeunes phoques dans ses locaux afin de les élever et de les réhabiliter dans des enclos avec piscines.
D'autres espèces protégées, comme le Goéland argenté, la Chouette hulotte ou le Hérisson d'Europe, sont accueillies en nombre par l'association. Chaque animal pris en charge fait l'objet d'un suivi rigoureux, la fragilité des spécimens blessés ou affaiblis ne laissant pas de place à l'erreur dans les protocoles de soins. Dès leur arrivée, les animaux passent l'étape du diagnostic, réalisé par les soigneurs, afin d'identifier les pathologies éventuelles, les blessures ou les chocs. Les causes de ces accueils sont multiples, et bien souvent liées aux activités humaines : collisions avec des véhicules ou des baies vitrées, électrocution des grands oiseaux par des lignes électriques, braconnage, empoisonnements, détentions illégales, prédation d'animaux domestiques ou dénichages non-intentionnels... Beaucoup de spécimens sont victimes de nos modes de vie.
Une fois le diagnostic terminé, les individus pris en charge font l'objet de différents traitements, soins et parfois chirurgies adaptées. Chaque jour, des bénévoles et des soigneurs se relaient pour les peser et veiller à l'amélioration de leur état, avant de les placer dans des volières et enclos extérieurs pour passer à la phase de rééducation. Dans ces espaces, les oiseaux et mammifères se remusclent après leur convalescence, réapprennent à se déplacer en autonomie et retrouvent des habitudes sauvages, jusqu'à ce que les soigneurs les estiment prêts à être réintroduits dans la nature.
Sensibiliser à la biodiversité pour mieux la protéger
La mission de soins de la faune sauvage du CHENE se prolonge dans ses actions de sensibilisation de différents publics à la biodiversité. Pour prévenir les risques d'accidents et de mise en danger de la faune sauvage, l'association a développé son pôle de médiation et travaille à la valorisation de ses collections muséographiques. Depuis 2014, le CHENE s'est agrandi avec un nouveau bâtiment, celui de l'Espace de Découverte, accessible au public et destiné à accueillir des expositions ainsi que des animations thématiques. L'accueil du public sur ce site permet de répondre à une demande pédagogique, notamment au travers d'ateliers de découverte et de conseils en aménagements du jardin pour favoriser la présence de la biodiversité chez les particuliers.
Assurant une médiation scientifique, l'Espace de découverte tient en ce moment une exposition sur le métier de soigneur animalier, destinée à mettre en lumière sa complexité. On ne s'improvise pas soigneur : la moindre erreur lors de la prise en charge d'un animal sauvage peut être fatale, malgré une bonne volonté. Les équipes de médiation ne manquent pas de rappeler lors des visites guidées qu'il est important de s'en remettre aux conseils et avis de personnes habilités en matière de soins à la faune sauvage. Pour certaines espèces, notamment les espèces vulnérables et en déclin, les bons réflexes sont de mise pour donner une seconde chance à un individu en détresse.
Avec ses différentes missions et actions, le CHENE participe à l'Education à l'Environnement et au Développement Durable (EEDD) en Normandie. Membre du réseau Graine Normandie, mais aussi impliquée auprès de plusieurs communautés de communes, l'équipe va à la rencontre des classes et du public lors de sorties natures et d'évènements régionaux, comme au Festival de l'Excellence normande (FÊNO). Randonnées nocturnes, jeux de pistes, construction de gîtes, apprentissage des premiers gestes de secours d'un animal sauvage en détresse... Autant d'actions pour interpeler les habitants et acteurs de la région sur la fragilité et la diversité du monde vivant.
Le CHENE, acteur du patrimoine naturel et scientifique
Au niveau national, le CHENE est investi dans les réseaux professionnels d'entraide : membre du Réseau des Centres de soins Faune sauvage et de l'Union française des Centres de Sauvegarde (UFCS), il participe activement à la circulation des connaissances en matière de soins et à l'amélioration du fonctionnement de ces structures. La formation fait également partie des préoccupations de l'association, accueillant des stagiaires et des bénévoles désireux d'acquérir des compétences techniques spécifiques.
L'engagement des équipes envers la faune sauvage fait du CHENE un centre de soins investi dans la connaissance et la recherche scientifique : depuis 2018, le centre effectue de nombreuses analyses afin de comprendre le phénomène de mortalité croissante des hérissons d'Europe, dont les accueils ne cessent d'augmenter au CHENE. En 2020, 411 individus ont été accueillis, contre 499 entre janvier et septembre 2021. Un triste record, dont les causes soulèvent l'inquiétude des soigneurs. Aucune piste n'est à ce jour écartée : faible immunité, virus et bactéries, nourrissages accidentels par l'homme avec de la nourriture inadaptée... Au fur et à mesure que sont menées les analyses, les résultats pourront être affinés, notamment grâce aux financeurs (Région Normandie, Fonds Leader, ainsi que les aides de la Métropole de Rouen et de cagnottes en ligne) et aux laboratoires et comités scientifiques (vétérinaires bénévoles, écoles vétérinaire de Lyon Vet Agro Sup et de Nantes Oniris, Vet Diagnostics et le laboratoire LAVD 76). L'association communiquera les premiers résultats de cette étude scientifique au cours de l'automne 2021.
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