"Si l'on n'explique pas, les gens imaginent le pire"

Publié par Guillaume Dupuy, le 20 avril 2021   1.7k

Solenn Percelay est l’une des 10 participant·e·s à l’édition 2021 de “Sciences en bulles”. Une opportunité pour cette jeune chercheuse en neurosciences soucieuse de partager la recherche avec le plus large public, y compris lorsqu’il s’agit d’aborder des sujets considérés comme plus sensibles comme l’expérimentation animale.

Bac scientifique en poche, Solenn Percelay quitte Vannes pour intégrer une Licence de psychologie à l’Université de Rennes 2. “Je suis intéressée par le cerveau, je crois que c’est la ligne directrice de mon parcours.”

Elle poursuit avec une première année de Master en Sciences du comportement animal et humain, cette fois-ci à l’Université de Rennes 1, effectue un premier stage à Caen auprès de Valentine Bouet, Enseignante-chercheuse dans le Groupe “Mémoire et plasticité comportementale” (GMPc) puis poursuit sa seconde année de Master à l’Université de Caen Normandie.

C’est elle qui lui proposera un an plus tard de mener un travail de thèse au sein de l’Unité “Mobilités : vieillissement, pathologie, santé” (COMETE). “Je n’aurais pas forcément poursuivi dans ce type de poste par moi-même mais j’ai saisi ma chance. J’avais envie de travailler avec Valentine et le sujet me permettait de mobiliser mes connaissances en psychologie et d’en développer des nouvelles en biologie et en physiologie."

MIEUX COMPRENDRE
ET TRAITER LA SCHIZOPHRÉNIE

Le sujet en question, c’est la schizophrénie et plus précisément la recherche d’un modèle animal pour améliorer la recherche de traitements. “Avant qu’un médicament ne puisse être testé sur l’être humain, il y a une phase d’étude pré-clinique qui est menée sur des animaux présentant les mêmes symptômes mais ce modèle reste encore imparfait pour cette maladie.”

La schizophrénie est effectivement une maladie très complexe que l’on diagnostique essentiellement par le biais d’entretiens avec les patient·e·s puisque les symptômes sont pour la plupart psychologiques, comme les hallucinations. “Cette analyse est difficile à mener avec des animaux. On ne sait donc pas s’ils peuvent être schizophrènes” explique la doctorante.

Ses recherches ont ainsi consisté à provoquer l’apparition de symptômes observables et mesurables chez la souris en sélectionnant et en reproduisant certaines conditions d’apparition de la maladie. “La schizophrénie est liée à l’existence de prédispositions génétiques activées par des facteurs environnementaux.” Solenn a sélectionné des lignées particulières de souris, les a soumis à des stress extérieurs, “comme la séparation de la mère ou l’administration de THC” [L’une des molécules les plus actives du cannabis, ndlr], puis a effectué des tests in vivo et ex vivo sur les animaux devenus adultes.

LEVER LE VOILE
SUR LA RECHERCHE SCIENTIFIQUE

Il est bien ici question d’expérimentation animale. Un sujet encore tabou pour certain·e·s que Solenn n’hésite pas à aborder : “Les chercheur·se·s en parlent encore très peu, ça m’a tout de suite frappé. Je pense pourtant que c’est un sujet qui doit être évoqué parce que l’expérimentation animale est utile à la recherche. Si l'on n'explique pas les choses, les gens imaginent le pire.”

Ce besoin de lever le voile sur la recherche scientifique a poussé Solenn a multiplier les rencontres avec les publics. Elle s’est ainsi rendue dans les lycées de Normandie avec “Déclics” et l’Atelier des chercheur·se·s, a relevé le défi de “Ma thèse en 180 secondes” et participe aujourd’hui au livre “Sciences en bulles” édité à l’occasion de la Fête de la Science 2021. “J’aime ça mais je ne sais pas exactement pourquoi. Je crois que j’ai juste envie de partager un peu de cet effet “Waouh !” que l’on ressent lorsque l’on arrive dans un laboratoire scientifique.”

Des expériences qui ont donné à la jeune femme l’envie de poursuivre son exploration : “Participer à “Sciences en bulles” m’a permis de découvrir un média accessible, très riche et qui permet de dire beaucoup de choses. J’aimerai beaucoup poursuivre l’aventure !”.

Alors, Solenn chercheuse ou Solenn médiatrice scientifique ? Elle ne le sait pas encore. “Je n’ai jamais eu de vocation. Je me suis toujours laissée guider par mes envies et j’ai saisi chaque opportunité qui m’était offerte.”

Crédits : Université de Caen Normandie (DR).